Pour Christophe Roger, rejoint récemment par sa sœur Caroline, les pesées sont devenues un véritable outil de gestion de troupeau pour sélectionner les agnelles de reproduction.
Les pesées. Les agriculteurs du Gaec la Ferme du Rocher, à Québriac (35), s’y sont abonnés. Dès l’installation, il y a trois ans, les pesées des agneaux à la naissance ont permis d’ajuster l’alimentation en fin de gestation des 50 brebis de race vendéen. Aujourd’hui, elles se poursuivent pour les 420 mises bas.
Se créer des repères
« Certains me disaient que j’arrêterais les pesées à la naissance par lassitude, et pourtant trois ans après, je continue… » Ces pratiques ont permis de valider des repères : l’objectif des poids de naissance des agneaux est ainsi établi à 5 kg ou 4 kg pour des doubles. Devenu élevage sélectionneur en Vendéen, le contrôle de performances est pratiqué entre 21 et 45 jours. Mais ce suivi n’est destiné qu’aux indexations des mères. Pour les agnelles, des indicateurs doivent aussi valider le potentiel de croissance, les pratiques d’élevage et aider au tri des animaux. « Nous envisageons de renouveler des pesées au sevrage et à la mise à la lutte. C’est un bon outil pour choisir ses futures reproductrices. Car, jusqu’à présent, on a gardé quelques petits gabarits pour constituer le cheptel. Mais la croissance qu’elles n’ont pas faite la première année, elles ne la rattrapent pas après. »
Prix indicatif des outils de pesées
- Peson dynamométrique (jusqu’à 25 ou 50 kg) 17 € HT
- Harnais de transport agneau : 11 € HT
- Bascule électronique avec plateau : 520 € HT
- Bascule à cadran aiguille : 910 € HT
- Cage de pesée électronique : 2 260 € HT (dont 1 765 € HT de lecture électronique)
Poids objectif de 23 kg au sevrage
« Les premières années, avec une mise bas à 12 mois, on a un peu cassé la croissance des primipares ». Dorénavant, seuls les agnelages de janvier assurent la constitution des lots de renouvellement, pour un premier agnelage à l’âge de 15 mois. « On est moins pressé d’atteindre les poids stratégiques. Et on assure un suivi particulier à ce lot dès le sevrage », précise Caroline Roger. Une étape stratégique sur laquelle les éleveurs vont s’attarder encore plus cette année en y insérant une pesée. Leur objectif est donc de ne garder à terme que les agnelles qui ont eu une croissance qui leur a permis d’atteindre les 23 kg à 80 jours, pour constituer leur lot de 100 agnelles. Car pour les deux jeunes agriculteurs, l’année d’élevage de l’agnelle doit fournir « une reproductrice à forte capacité laitière, avec une capacité d’ingestion maximale ».
[caption id= »attachment_2226″ align= »aligncenter » width= »207″] Un peson jusqu’à 10 kg est utilisé à la naissance pour plus de précision.[/caption]
Pour cela, les pratiques mises en place visent à éviter l’engraissement des agnelles et à développer le rumen, par une alimentation rationnée des concentrés et un fourrage de qualité à volonté. Et comme ils aiment peser, ils ne s’arrêtent pas là. Des pesées à la lutte vont être aussi mises en place cette année. Le tri des agnelles va s’affiner jusqu’à la mise à la reproduction. Si l’agnelle pèse moins de 45 kg, elle sera « réformée », la vente en boucherie étant encore possible.
Carole David
L’avis de Mélanie Bauer, Technicienne Ovi-Ouest
Concernant le choix des futures reproductrices, il est important de les peser régulièrement pour garantir la production laitière de la future brebis et assurer la fertilité. Le 1er repère important se fait au moment du sevrage. Il faut donc viser un poids de 25 kg à 70-80 j au sevrage pour une conduite en bergerie par exemple. Ensuite, à partir de l’âge de deux mois, la phase de différenciation mammaire est engagée. Des niveaux de croissance trop élevés jusqu’à la puberté (à partir de 6 mois), supérieurs à 170 g/j, entraînent une diminution du potentiel laitier. Le tissu adipeux se dépose dans la mamelle au détriment du tissu excréteur. Et cette évolution est irréversible… La dernière étape importante concerne le poids des agnelles à la première mise à la reproduction, un des principaux facteurs de variation de la fertilité : l’objectif est d’atteindre les 2/3 du poids adulte, soit 47 kg.